21 avril 2024
APOLOGIE DE LA VIOLENCE.
Le RHDP est dans tous ses états. Plus ses premiers responsables prennent la parole pour apporter la contradiction à l'opposition, plus le navire prend eau de toutes parts. Comme à l'occasion de la célébration de l'anniversaire du 11 avril 2011, jour de l'arrestation de Laurent Gbagbo.
Ainsi, le haut parleur du parti, le ministre d'État Kobenan Kouassi Adjoumani, est resté égal à lui-même dans les frasques. "Si le président Bédié était resté avec nous (au RHDP), il n'allait pas mourir de cette façon," s'est-il hasardé, le 11 avril 2024, donnant du grain à moudre à tous ceux qui, devant la brutalité de la disparition, le 1er août 2023, du président du PDCI-RDA, ont clairement envisagé son empoisonnement.
Le porte-parole du parti présidentiel n'en est pas à un coup d'essai. Il en est si familier que ses sorties commencent à trahir des aveux à demi-mots. Répondant alors à Henri Konan Bédié, qui accusait le RHDP d'utiliser les étrangers pour "fausser la présidentielle de 2020", Adjoumani n'a pas fait, le 11 juin 2019, dans la dentelle. "Nous n'avons pas peur d'aller à ces élections. Nous n'avons pas peur d'utiliser les étrangers pour constituer notre électorat," avait-il avoué.
Ses mises au point pour tenter de se rattraper n'ont convaincu presque personne. Car l'immense fraude sur des listes électorales truffées d'anomalies, que la CEI refuse de corriger, est la preuve tangible que le RHDP, revendiquant une majorité surfaite à base de clientélisme et chantage, est un parti aux abois, qui a peur d'affronter une compétition franche et loyale.
C'est justement ce message de panique, enrobé de contrevérités, que le secrétaire exécutif du RHDP a envoyé aux militants et à l'opinion, le même 11 avril 2024 au cours de la même manifestation. Censé célébrer "la victoire de la démocratie", Cissé Ibrahim dit Bacongo a fait l'apologie de la violence, qui demeure l'ADN du RDR (locomotive du parti RHDP) depuis que Alassane Ouattara, son leader, a fait son entrée en politique.
Bacongo et d'autres ministres dont Amadou Coulibaly ont déjà réservé à Tidjane Thiam une volée de bois verts quand celui-ci a été élu, le 22 décembre 2023, en remplacement de Bédié à la tête de l'ex-parti unique, allant jusqu'à appeler les populations du nord du pays à l'ostracisation de ce leader musulman, qui devient un empêcheur de tourner en rond.
C'est dans cette même veine que le secrétaire exécutif du RHDP est resté pour traiter la candidature annoncée de Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2025. Comme Choi à la présidentielle de 2010, Bacongo s'est substitué aux institutions. Il a clairement menacé de réveiller les cellules dormantes du parti et tous les microbes à bord de gbaka verts pour décourager cette initiative du PPA-CI.
C'est en raison de cette marque déposée que Ouattara a choisi, pour régler le contentieux électoral de 2010, la voie des armes et de la violence, comptant sur les forces françaises, en lieu et place du recomptage des voix que proposait Gbagbo, et non des morts.
Aussi, prétendre, comme Bacongo l'a fait, que c'est Alassane Ouattara qui a mis un terme au génocide après plus de trois mille morts, c'est prendre des vessies pour des lanternes à l'effet de falsifier l'histoire.
C'est dans ce registre de menterie que le secrétaire exécutif du RHDP s'est résolument inscrit en espérant ternir l'éclatante victoire de Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo devant la CPI, où l'État ivoirien les a fait comparaître pour "crimes de guerre et crimes contre l'humanité", en s'appuyant sur deux avocats français: Jean-Paul Benoît et Jean-Pierre Mignard.
Bacongo ne s'est donc pas gêné pour faire passer leur acquittement, c'est-à-dire la décision de non-culpabilité rendue par la Cour, le 31 mars 2021, pour un non-lieu, qui est une décision par laquelle le juge d'instruction déclare qu'il n'y a pas lieu de poursuivre en justice.
Mais, depuis qu'il a déclaré, toute honte bue, que Ouattara connaît le droit mieux que lui, enseignant à la faculté de droit, plus rien ne doit plus étonner dans les amalgames de la part de quelqu'un qui a perdu sa science. De plus, ayant fait partie de ceux qui étaient convaincus que le voyage de Gbagbo à la CPI était sans retour, Bacongo est en pleine tourmente et se débat comme un beau diable.
Last but not least, il attribue la libération de Gbagbo à Ouattara, son "pire frère", qui l'a fait bombarder par les forces françaises, arrêter et transférer durant dix ans à La Haye. Cerise sur le gâteau, Ouattara a fait juger Gbagbo en Côte d'Ivoire, pour le voir condamner, en janvier 2018, à 20 ans de prison.
Et si le chef de l'État a amnistié tous ses co-accusés dans cette scabreuse affaire de "braquage de la Bceao", il n'a fait que grâcier Laurent Gbagbo. Conséquence, Ouattara, qui déclarait à Katiola, le 30 novembre 2019, qu'il n'y aura plus jamais d'exclusion à une élection, l'a fait radier de la liste électorale, pour éliminer un candidat de poids afin de rendre, à sa façon, la monnaie de la pièce à celui qui a fait de lui un candidat à titre exceptionnel, c'est-à-dire hors la loi, en 2010. Tout flatteur ne vient pas toujours de très loin.
F. M. Bally
Journaliste indépendant
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